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Abdou Belgat :Mettre en place le binôme Education/Formation, c’est réussir
Président de l’Association mondiale pour la formation en hôtellerie et en tourisme (AMFORT) et de l’Association algérienne des experts et scientifiques du tourisme, nouvellement créée, Abderrahmane Belgat, a accordé à Destinations Algérie Magazine un entretien dans le sillage de la célébration de la Journée nationale du tourisme (Le 25 juin). A l’occasion, il démystifie et simplifie «les équations» du secteur du tourisme national et sa relance. A ses yeux, «l’éducation et la formation sont les locomotives et la base de tout développement». Il nous a parlé avec passion et amour de l’Algérie, avec un langage simple et accessible, sans fards ni détours, le tout agrémenté d’un fin sens de l’humour: Ci-après l’entretien.
1- Qu’est ce qui s’est dit lors de la réunion de l’association que vous présidez?
Nous nous sommes réunis pour un objet bien précis: rendre hommage à tous ceux qui ont apporté leur contribution dans l’histoire du tourisme algérien, en leur témoignant notre reconnaissance pour le travail qui a été réalisé et qui doit se poursuivre. D’abord, c’est une démarche humaniste, il fallait apporter cette reconnaissance, accompagnée d’une remise de diplôme. Tout ceci s’inscrit dans le cadre de la Journée nationale du tourisme algérien.
2- Au fait, quelle symbolique est censée apporter une journée nationale ou internationale du tourisme?
C’est simple, ça démontre que le tourisme n’est pas uniquement un phénomène social interplanétaire. Il faut comprendre que le tourisme est le secteur d’activité qui crée le plus de richesse et d’emplois. Le tourisme permet aussi un équilibre dans la planète: Tourisme de montagne, balnéaire, saharien…ça veut dire que le tourisme est une formule absolument simple. C’est de l’éducation et de la formation. Si on arrive à travailler et à mettre en place ce binôme Education/Formation, on aura gagné.
3- Lors de votre passage au forum du quotidien El Moudjahid, vous avez déclaré, je vous cite: «On est là pour apporter des solutions». Qu’est ce que vous pouvez concrètement apporter sur le terrain, pour faire bouger les choses?
Il faut qu’on prenne conscience du fait que l’éducation et la formation doivent être des locomotives pour promouvoir l’image et la notoriété d’une nation qui se veut à vocation touristique. Il faut de l’éducation et de la formation. Donc, qu’est-ce qu’on peut apporter ? …Rien de sorcier. L’éducation c’est quoi ?...N’importe quel parent a envie d’éduquer ses enfants. Donc, il n’y a rien de compliqué. La propreté, c’est quoi ? C’est de l’éducation. Si on ne fait pas cet effort d’éduquer à une bonne hygiène, à être gentil, alors que ce sont des choses naturelles pour les Algériens, les Africains. Donc, il n’y a rien de compliqué ! Le tourisme, c’est quoi ? C’est de l’hospitalité, de l’accueil, de la gentillesse, de la bienveillance… C’est ça, «nous, on est des porteurs de solutions ». Et c’est des solutions simples et faciles à mettre en pratique.
4- On entend souvent: Eco-tourisme, tourisme durable, tourisme responsable…Voulez-vous nous éclairer un peu plus ?
Il faut bien apporter des adjectifs, des superlatifs, des compléments… C’est tout à fait légitime mais quand on parle de tourisme tout simple, c’est la découverte ! Et pour découvrir, il faut avoir de l’ouverture d’esprit, de la culture. Vous ne pouvez pas faire du tourisme si vous ne connaissez pas les structures socio-mentales d’une région ou d’un pays. Prenez l’exemple concret de l’Algérie, grand pays, un pays continent…vous ne pouvez pas, vous, ne serait-ce qu’en tant qu’Algérien, en tant que citoyen; vous balader en Kabylie comme à Skikda, ma ville natale, chez les Touaregs, ou à Timimoun. Donc, c’est un apprentissage. C’est de la culture, de l’éducation. Tout ça, ce n’est pas compliqué. Nous, les formules, on les a: Il suffit tout simplement de les adapter. Nous, ce n’est pas aussi compliqué, concernant notre association algérienne des experts et scientifiques du tourisme. On n’a aucune prétention pour dire «Ah, il faut nous écouter, nous sommes les meilleurs». Que chacun reste à sa place! On est de la sagesse…Essayer de comprendre qu’est-ce qui se passe, pourquoi ça se passe et comment améliorer les choses. Il n’y a pas de formule magique, l’éducation ça ne tue personne ! On a l’impression de dire éco-tourisme, écosystème…quand on parle de tourisme durable, c’est la durabilité ; c’est le temps ! Donc nous, en tant que sages, on s’inscrit dans le temps. Et pour s’inscrire dans le temps, nous, on inscrit l’espérance. Ne me dites pas que ce n’est pas bien, c’est dégueulasse par-ci, par-là. Oui, d’accord et après ?…Je commence du début: Dans certains pays, tu ne peux pas fumer, tu n’as pas le droit de cracher dehors. Allez dans les pays helvétiques, en Indonésie et d’autres pays où, si vous faites une contravention de ce genre, comment vous allez vous retrouver avec une amende de quelques 150 dollars. Tu ne peux même pas mâcher un chewing-gum dans certains pays! Et nous, on dit que nous sommes un pays à vocation touristique. L’Algérie est un pays millénaire! Ce n’est pas un pays qu’on a fabriqué. Donc, tout simplement, à partir du moment où aujourd’hui, l’économie touristique est devenue un des secteurs les plus importants au monde, l’Algérie a sa place! Donc, c’est à nous les responsables, à nous qui aimons et qui sommes passionnés par ces métiers d’accompagner et d’aider ! Où est le problème? Donc, c’est facile, et si vous autres, journalistes, vous jouez votre rôle correctement avec passion, amour et bienveillance, il n y a pas de raison pour que ça ne marche pas. Si vous écrivez des choses justes et que les gens lisent en disant: ce qui a été dit est bien. Nous, on n’est pas dans la démagogie. On n’a rien à vendre et rien à acheter. Nous ce qu’on veut et ce que l’on se demande, c’est que, dans les vingt prochaines années, ce qu’on est en train de semer, est-ce que cela va apporter quelque chose? Me concernant, je ne suis pas là pour semer des roses, Blida est la ville des roses! Moi, j’ai envie de mettre des arbres fruitiers, des oliviers et des palmiers pour que ça reste le plus longtemps possible, en irrigant en fonction de ce que j’ai semé.Tout ça, encore une fois, c’est de l’éducation et de la formation.
5- Qu’est ce que l’AMFORHT prévoit pour l’Afrique, la rive Sud de la méditerranée, en particulier pour l’Algérie ?
Pour aller vite, il suffit d’aller à AMFOHT.org. (AMFORHT): Association mondiale pour la formation en hôtellerie et tourisme). C’est une ONG (organisation non gouvernementale) créée en 1969, à Nice (France), en même temps que l’OMT (organisation mondiale du tourisme). Reconnue par l’ONU (Organisation des nations unies) avec un statut spécial consultatif. Donc, à l’ONU on consulte l’AMFORHT. C'est-à-dire, on est au cœur du savoir! On est présent dans 80 pays, dont l’Algérie et, sur la présence de ces pays, il y a plus de 700 membres qui représentent des écoles hôtelières, des instituts, des universités, des experts…etc.
6- Quel est le rôle de la coopération internationale au sein de l’AMFORT ?
C’est ce qu’on appelle un réseau mondial ; c’est une grosse machine qui, évidemment, vit avec ses membres. Comme on est indépendants, on n’est pas à la recherche de l’argent. On apporte un soutien et on accompagne toute initiative prise par des associations affiliées dans les pays membres dans un cadre bien déterminé.
7- Un mot concernant l’Algérie…
Qu’est ce que vous voulez que je vous dise, qui n’aime pas l’Algérie? L’Algérie est une grande nation, ok ! Elle n’a pas besoin de qualificatif ; ce dont elle a besoin c’est que ceux qui l’aiment doivent travailler pour elle. L’Algérie n’appartient ni à x ni à y, elle appartient à nos futures générations et c’est à nous de les préparer.
Djamel Ken.