"Algérie plages propres"

Une invention,.. Un rêve et des galères !

« Voilà celui dont on a parlé tout à l’heure. Il passe au peigne fin le sable des plages et en fait un tapis en soie », nous dit Lyès, gérant de l’entreprise chargée des aménagements annexes de la plage Atlantis Beach, sise à Djoua, commune de Boukhelifa (Bejaia). « Il faut que vous lui fassiez un article. Ces efforts, sa persévérance et le bon travail qu’il effectue –depuis des années-  à chaque fois qu’il est sollicité sont louables et mérite d’être soulignés », enchaîne –t-il. Lui, c’est Mohand Zine Cheurfa, animateur d’une page Facebook intitulée « Algérie plages propres » et gérant d’une entreprise de nettoyage d’espaces verts et d’aménagements des plages. « Mon rêve est de concrétiser ce projet, à savoir contribuer de manière effective à rendre nos plages propres », assure-t-il, aussitôt les présentations faites et la poignée de mains franche partagée. On est à la veille de l’inauguration de la saison estivale… On s’attendait à faire connaissance avec un ingénieur ou, tout au moins, un technicien supérieur en mécanique ou toute autre filière inhérente à son invention ; on a eu le plaisir de rencontrer …un montagnard à part entière, qui ne rechigne aucunement devant l’effort. Teint basané, faux maigre à l’allure très décontracté, visiblement déterminé. Après un bref tour d’horizon à parler du tourisme, de ses espérances et de ses tares, il nous fixe RDV, pour le lendemain, à l’hôtel des Hammadites, où il a un point de chute et gare son engin.

Pour entrer dans le vif du sujet, il nous fait part de manière plus explicite de son invention. Oui, oui, il s’agit bien d’une invention brevetée et d’utilité publique s’il vous plaît ! En 2004, il a eu le génie de créer  une machine, attelée à un tracteur, opérant notamment sur les plages. Sa mission consiste à raser, tamiser et cribler les sables, tout en retenant les autres déchets pour les déposer à part. Berné sans cesse et gavé de promesses non tenues depuis des années, Khali Moh, comme l’appellent les intimes, ne croit plus au père noël. « Je fais à chaque fois des offres de services, aucun répondant ; pourtant, on est bien convaincu de la qualité du boulot que je fais », se désole-t-il, nous montrons une lettre adressée chaque année pratiquement à plusieurs directions, celles du Tourisme et de l’Environnement notamment, et même les wilaya.  

« Après avoir fait des essais et des démonstrations, à Béjaïa d’abord puis à Tipaza en 2005, qui se sont avérés concluants, j’ai fait preuve de patience ; mais nada, rien (Walou) !... J’ai même été récompensé par les félicitations du ministre de l’Environnement de l’époque », souligne-t-il, en retraçant, une à une, toutes les galères qui l’ont menées, chaque année, d’une administration à une autre (commune, daïra et même wilaya). Il assure qu’il a fait une offre de services aux 14 wilaya côtières. A chaque fois, aucune suite, et retour à la case de départ ! Alors que le besoin de déblayer nos plages et autres chemins y menant se fait sentir au niveau des wilaya du littoral. « Le seul et unique problème pour moi, c’est le transport de la machine ; sinon je rendrai nos plages aussi meilleures que celles du Bahamas ou des Maldives ; et en un temps record et à moindre coût !», affirme -t-il avec assurance. A Tipaza  (commune de Douaouda), avant de répondre favorablement à son offre, il parait qu’on a même fait venir, dans un premier temps, une entreprise européenne qui n’a pas réussi le pari de nettoyer convenablement la plage Colonel Abbas…Il s’est avéré plus tard que sa machine est plus appropriée et adaptée à la réalité algérienne.

C’est quoi le problème donc, lui réplique-t-on ? Les communes balnéaires concernées annuellement par ce genre de travaux lui font part de manques de ressources et privilégient l’emploi de travailleurs saisonniers aux jeunes.

A titre d’exemple, cette année, Mohand Zine Cheurfa a accompli un excellent boulot avec les concessionnaires privés, à Béjaïa, où il a aménagé plusieurs plages à Djoua, ( Boukhelifa) : Atlantis Beach, Club Epic, les Hammadides, Complexe Syphax, Complex Aloui, Complexe Sahel d’Aokas et la plage Acherchour.  Et à Boulimat où il a également aménagé deux plages concessions (Agrakel et Betrouni).Généreux et passionné qu’il est, il a même fait des aménagements, à titre bénévole, pour les APC de Tichy et de Boukhelifa.

Là où il passe, il est accueilli mais sans aucune suite à ses offres de services. Khali Moh, pragmatique et réaliste, demeure convaincu que « des solutions efficaces existent pour nettoyer nos plages mieux que les années précédentes ». Il se retrouve désormais avec une invention d’utilité publique avérée, perfectionnée depuis la première mouture, qu’il a présentée partout et dont apparemment personne n’en veut. Son vif souhait, c’est de trouver un partenaire pour promouvoir son invention et la mettre en valeur.

Par ailleurs, il lance un appel aux autorités compétentes pour l’aider dans ce sens, néanmoins en lui octroyant des marchés. Khali Moh, enthousiaste et tenace, semble faire bon ménage avec son invention, son rêve et les galères administratives.

Achour B.