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Farid Bouchekhchoukha, un manager- chef d’orchestre
Jean-Paul Sartre: «Le monde a besoin d'un nouveau leadership, et la nouveauté consiste à travailler ensemble.»
«Affecté en Sociologie après l’obtention du baccalauréat, en 2008; je n’étais guère emballé», affirme-t-il, d’emblée, s’apprêtant à remonter son parcours singulier et atypique, qui, au bout, persévérance et constance aidant, l’ont propulsé au devant à la tête d’une prestigieuse chaîne hôtelière, «Atlantis», en 2015. Depuis, la chaîne ne cesse d’engranger de bons points et de prospérer. «Un manager doit cumuler plusieurs caractéristiques, dont deux de cardinales ; voir grand et travailler beaucoup», dit-on. Passionné, ambitieux et voulant évoluer sans cesse, Farid Bouchekhchoukha est de cette catégorie. Il y va d’un challenge à un autre.
Il décida, alors, d’opter pour une formation en Tourisme, avec l’avis bienveillant d’un cousin exerçant dans l’hôtellerie. En 2010, il obtient le diplôme de BTS en administration hôtelière à val d’Hydra (Ecole St Michel). Rêveur et ambitieux, dans sa tête du jeune homme qu’il était, une grande aventure se profile à l’horizon, mais non sans désillusion et parfois désarroi. Et oui, fallait-il en avoir les moyens, ou être béni par les Saints pour y parvenir à ses objectifs ! Il lui est arrivé de penser que sa détermination frise l’«entêtement », tellement sa situation de l’époque ne le prédisposait guère à une aussi meilleure destinée.
Il exerce à l’hôtel Hilton dans le service restauration durant une année, avant qu’un copain, avec qui il a fait des études, ne vienne le solliciter pour un challenge : gérer une salle de banquets, Dar El Moulouk, à Staouali, à l’Est d’Alger.
Il se lance dans l’aventure ; de grandes fêtes et réceptions ont été organisées durant trois années. «C’est une expérience très riche», se remémore-t-il avec émotion. Toujours en quête d’évolution, il est à l’affût de toute opportunité qui l’aiderait à donner forme à ses rêves enfouis dans sa tête. Il eut quelque temps auparavant vent de l’ouverture prochaine de l’école de tourisme d’Aîn Benian, l’actuelle ESHRA. Il décide alors de prendre son mal en patience durant quelques temps, en attendant que l’école ouvre ses portes.
De la désillusion à l’heureux dénouement
«Lorsque je me suis présenté à l’entretien, à l’ouverture de l’école, on m’a dit que j’étais le premier inscrit à son niveau. Étant admis, je pensais que la formation est gratuite, prise en charge par l’Etat», nous dit-il, la voix entrecoupée par l’émotion, les souvenirs de l’époque reprenant le dessus.
«Je tombe des nues lorsqu’on me fait savoir que l’école est privée, donc la formation est payante : 900 millions DA à l’année !», enchaîne-t-il, reprenant son souffle. «L'horizon s’assombrit tout d’un coup ! J’allais abandonner ; déçu et désespéré que je fusse», poursuit-il, non sans une vive émotion. La directrice de formation ayant constaté son désarroi lui dira : « J’ai vu votre motivation à faire la formation ; vous savez, vous pouvez être parrainé par une entreprise » ! Une idée- bouée de sauvetage à laquelle le «rêveur aux pieds sur terre» qu’il était, et qu’il demeure, s’est accroché.
Les jours s’égrènent,… Aucune perspective en vue, autre que celle de «sacrifier sa petite voiture, une Atos 2008», se disait-il au fond de lui-même, tellement le constat étant sans appel ! D’ailleurs, il a dû s’en séparer et la vendre pour payer la première tranche et assurer sa place durant la première année. Commença alors une longue quête, à la recherche d’une opportunité de parrainage, avec l’espoir de voir son désir enfoui se concrétiser. «J’ai tapé à toutes les portes, rien, nada, walou ! Je me rappelle que j’ai même été voir M. Rebrab», se remémore-t-il, précisant qu’il n’a pas pensé au groupe Soummam qui, à l’époque, en 2015, n’avait pas encore investi dans l’hôtellerie.
«Grande fut ma surprise, avant l’entame de la 2ième année, lorsque j’ai reçu un E-mail de l’administration m’indiquant que «si je ne paie pas, ma formation tomberait à l’eau et je serais interdit d’accès à l’école», raconte-t-il, tout en essayant de fixer ses souvenirs. «Désespéré, abattu ; je répondis au mail en sollicitant une recommandation à la SIH (société d’investissement en Hôtellerie que dirigeait à l’époque H. Melzi). Ce qui m’a été accordé par les responsables de l’école en signant à l’unanimité et avec la mention que «c’est quelqu’un qui mérite d’être aidé». Ce fut le dernier jour, j’ai été le voir et… il me répondit favorablement»!
Il continue la formation pour en sortir diplômé en 2018 (1ière promotion). Il effectue un stage de six mois au Maroc, dans un hôtel 05 étoiles où il a fait la rotation dans tous les services de l’établissement. S’ensuivra un autre stage à Malte dans un hôtel 05 étoiles. «Ce fût une expérience très enrichissante à tout point de vue», commente-t-il.
En rentrant au pays, il entame sa carrière à l’hôtel Marriott (Sétif) à son ouverture ; puis un autre challenge à Chlef (hôtel les trois orangers, 3 étoiles). En 2020, il exerce, d’abord, en tant que directeur d’hôtel à Atlantis; puis promu au poste de directeur général de la Chaîne Atlantis (Sourire). Depuis, la chaîne ne cesse de s’étendre et de grandir.
«Mérite et reconnaissance à Laurana Gardé»
Avec la rétrospective, je ne changerai rien à rien. J’ai toujours crû à mon rêve, quoi qu’issu d’un milieu social très modeste. J’ai crû en mes capacités, je me suis battu et j’ai travaillé sans relâche ; le tout s’est couronné par la réalisation de mon rêve», note-t-il, rappelant qu’il a monté tout un dossier pour partir à la conquête d’autres cieux, au Canada. Il a même un contrat d’embauche. «J’ai changé d’avis ; suite à l’entretien que j’ai eu avec M. Hamittouche, qui m’a exposé son fameux projet de création d’une chaîne hôtelière, Atlantis. J’ai partagé sa vision des choses, ses objectifs et j’ai pris la décision de l’accompagner dans l’aventure», s’enorgueillit-il avec fierté.
«Mon père ne m’avait pas cru, lorsque je l’ai informé que j’allais faire une formation à 900 millions de dinars; alors que moi j’y tenais énormément. C’était un rêve pour moi», indique-t-il. L’espoir que lui a insufflé Laurana Gardé, en lui donnant l’information qu’il peut être parrainé, a fait de lui, avec le temps et l’effort sans compter, ce qu’il est aujourd’hui. «C’est sans commune mesure que je lui suis tant reconnaissant. Je suis toujours en contact avec elle et je ne serai pas prêt de l’oublier», tient-il à préciser.
En réponse à une question portant sur l’immigration professionnelle, notamment dans les métiers du secteur du tourisme, il dira: «Des opportunités existent dans le domaine de l’hôtellerie en Algérie. On a besoin- et c’est très important de le souligner- de l’accompagnement de quelqu’un qui nous fait confiance et qui croit en nous, pour que notre génie éclate», conclut-t-il.
Achour. B.