- Détails
- Catégorie : Intenationale
- Affichages : 880
Mohamed Sollah, directeur de l’agence Terre de rêve et d’aventure, basée à Tamanrasset.
«Un plan de vol étudié et anticipé est un signal fort aux yeux des professionnels »
Le «Pionnier» du Sahara, dynamique et alerte, s’est montré disponible, courtois et a répondu, avec bienveillance, aux questions des nombreux visiteurs du stand de la wilaya de Tamanrasset, lors du salon international du tourisme et des voyages (Sitev-2024), où on l’a rencontré. Riche d’une expérience de 30 années d’activité sur le terrain, il s’est attelé à partager sa passion pour le secteur du tourisme, en particulier le tourisme saharien, et à aborder avec ferveur toutes les problématiques qui entravent la relance de l’activité touristique saharienne. Destinations Algérie lui a donné la parole.
La programmation du Sitev doit tenir compte de l’agenda international
Le salon international du tourisme et des voyages (Sitev) - 2024 s’est tenu à un moment opportun, du 30/05 au 02/06. Les années précédentes, le Sitev a été décalé à fin septembre-octobre, perturbé par le mois de Ramadan qui s’est incrusté au centre de la période où le salon se tenait habituellement.
La saison saharienne entamée, on ne peut pas vendre les produits. Cette année est vraiment exceptionnelle à tous points de vue. On a déjà commencé à vendre nos produits, ceux inhérents au tourisme estival et ceux du tourisme saharien. C’est à partir de là qu’on commence à organiser les voyages et même vendre les produits de la fin de l’année. Je découvre que le touriste algérien a une certaine culture, il commence à penser à organiser ses vacances et ses voyages des mois à l’avance.
L’année dernière, rien n’a été fait, le salon ayant eu lieu fin septembre-début octobre. On n’a vendu que les produits de la fin de l’année et on a travaillé en solo.
«Un plan de vol étudié et anticipé est un signal fort aux yeux des professionnels» !
Si on veut vraiment booster le tourisme saharien, il faut tenir compte du facteur du transport aérien sans lequel rien ne peut se faire! Il est très significatif et important que l’activité des agenciers du Sud soit accompagnée par le transport aérien. Un plan de vol étudié et anticipé est un signal fort pour les professionnels du Sud.
J’ai eu une entrevue avec le ministre des transports, M. Mohammed El Habib, le 9 mars dernier, où l’on a discuté du manque de vol et de sièges pour couvrir toute la demande qu’on enregistre vers Djanet et Tamanrasset. Il a pris l’initiative de nous rajouter deux vols/semaine pour chaque destination, ce qui équivaut à 300 sièges! En plus d’un vol Constantine-Tamanrasset.
On aimerait qu’il nous ajoute un vol Alger-Batna-Tamanrasset pour créer de nouveaux circuits touristiques qu’on reliera au circuit notoire de l’Ahaggar-Tamanrasset. C’est un circuit qui commence à s’intégrer et à s’adapter aux circuits classiques.
Un point important, la réduction de la billetterie de 50% (elle a été supprimée le 30 novembre 2023 jusqu’au 10 mars 2024, après intervention direct de M le ministre des transports) permettra au citoyen algérien d’acheter son voyage et de découvrir son pays comme le dit si bien le slogan «Hawes Bladek». Elle permettra aussi aux agences de voyages de réduire les packages sur le terrain et de les commercialiser à moindre coût. Sa suppression a eu un impact négatif.
On aimerait avoir un plan de vol qui s’étale jusqu’à janvier ou mars (actuellement il s’arrête fin octobre !)
Visas: «On peut mieux faire!»
Les mesures prises depuis deux ans ont apporté leurs fruits. Les statistiques parlent d’elles-mêmes: La saison 2023-2024 a enregistré l’arrivée de 950 touristes nationaux et 1070 touristes étrangers, alors que lors de la saison 2023-2024, on a reçu 850 touristes nationaux et 1850 touristes étrangers: 1000 touristes de plus. Imaginez qu’on arrive à réduire encore la durée d’obtention du visa qui, normalement, ne dépassera pas 72 heures! Ce serait formidable car cela nous permettra de nous installer sur le marché international. On fait face à une grande concurrence des destinations mondiales du tourisme. Il faut qu’on soit fort, outillés et avec une visibilité dans la durée: Il y a des pays qui offrent le visa à l’aéroport, sans aucune demande, alors que chez nous la procédure dure entre 15 et 20 jours…toute une gymnastique bureaucratique. On a envie d’avancer, avec toutes les technologies actuelles. Pourtant, le président l’a répété plusieurs fois : Il faut numériser l’administration ». Ce qui nous permettra d’avancer à coup sûr, en gagnant la confiance des partenaires et des clients.
Les escortes, de plus en plus légères.
Les circuits fermés depuis 14 ans (février 2010), ceux du Tassili-Hoggar, représentent la part du lion dans les demandes des touristes étrangers. Concernant l’escorte, il y a deux points: de l’aéroport de Tamanrasset jusqu’au centre-ville, dont s’occupent les éléments de la DGSN. C’est un point noir pour les agences, dans la mesure où, parfois, on reçoit des clients qui passent des heures dans le hall à attendre les éléments d’escorte. Ce qui est très mauvais pour l’image de l’Algérie touristique. Certains touristes nous disent carrément qu’ils ne reviendront plus à cause de ce point qui, notent-t-ils, est tout le contraire de ce que nos représentations à l’étranger leurs ont affrmé. Ça casse tous nos efforts de marketing et de communication.
Quand aux escortes effectuées par les militaires, celles-là se sont beaucoup améliorées. Notre coordination avec les éléments de l’armée nationale populaire (ANP) et de la gendarmerie nationale, est très souple et on se sent de plus en plus à l’aise. Et c’est tant mieux !
Se repositionner sur le marché international ce n’est pas donné. On rentre bien ou on ne rentre pas !
Le Festival international du tourisme saharien a été créé à Tamanrasset. La première édition a eu lieu en 2004, et c’est nous qui l’avons initié, à la suite de l’enlèvement de 32 touristes étrangers en 2003. La saison touristique d’alors a été catastrophique à tous points de vue. Après discussion avec le ministre de l’époque, Salah Kara, il a été convenu de tenir un événement important (un festival), qui a vu la participation de la presse internationale et comme invité le représentant de l’Organisation mondiale du tourisme qui a déclaré que «la capitale du tourisme mondial et du tourisme saharien, c’est Tamanrasset» ! Ce qui a entrainé une reprise timide mais progressive depuis.
Oui pour l’itinérance de ce festival à travers les wilayas du Sud et, vivement la création d’une plate-forme numérique qui regroupera tous les professionnels du tourisme saharien, où un forum sera animé pour réussir l’événement.
Foires et salons étrangers : «Non à la tutelle administrative» !
On aimerait que les produits soient commercialisés par les acteurs et professionnels du tourisme saharien, eux-mêmes, sans tutelle administrative (comprendre l’office national du tourisme, ONT). Je ne peux pas présenter un produit touristique sur la wilaya de Béjaïa, de Tizi-Ouzou ou de Constantine. Mon métier, c’est le tourisme saharien ! Il est l’unique segment qui a un avenir à travers le monde. Il a été hébergé par l’Organisation mondiale du tourisme à Tamanrasset à la fin de l’année 1989, et a été hissé au rang de tourisme d’excellence. C’est un tourisme responsable, alternatif, intelligent et durable !
A. Achour